Aujourd'hui dans Twenty-One W, je laisse la parole à deux lecteurs assidus, Dylan & Folco qui ont accepté de répondre à mes questions. Vous l'aurez deviné, on parle de féminisme et de féminité.
Pourquoi interroger des garçons me direz-vous ? La réponse est simple, le féminisme est une question de société, qui nous concerne tous, qu'on soit femme ou homme. Et c'est important d'en discuter ensemble pour avancer en toute objectivité et en toute intelligence. Bonne lecture !
Vous pouvez par ailleurs retrouver Dylan sur son blog: on-limited.com

Pourriez-vous vous présenter ?
Dylan, j’ai 23 ans étudiant en Stratégies marketing à l'Ere Digitale à Audencia, Nantes & Folco, 23 ans, étudiant au Master Design et Création à Audencia aussi.
Si je te dis féminisme, tu me dis ?
Dylan: je te dis mouvement assez récent, qui a beaucoup de définitions, qui est pas forcément vu, compris de la même façon par tout le monde. La façon dont tu t’engages dans le mouvement peut être différente. A des degrés différents. Il y a les femen et il ya d’autres associations dont j’ai pas le nom en tête mais qui sont moins violentes dans la façon de s’engager.
Folco: Je vais rejoindre Dylan sur le côté récent même si ça à je pense quelques dizaines d’années maintenant. Je pense que les hommes le voient pas le même façon. Certains ne sont pas d’accord, ils doivent penser que ça veut dire que les femmes dominent. D’autres que ça veut dire de l’égalité. Personne n’arrive à avoir la même définition. Même les femmes, je pense qu’elles sont pas d’accord sur la définition du féminisme. Je pense aussi, comme Dylan, qu’il y a les extrêmes; celles qui pètent des plombs de tout les côtés comme les femen et celles qui sont plus modérées qui tendent vers une égalité et quelque chose de plus juste envers tout le monde.
Si je te dis féminité, tu me dis ?
D: Glamour, femme. En vrai je sais pas. C’est hyper large du coup je saurais pas comment le définir. En opposition à masculin dans le sens brut de décoffrage, quelque chose de plus doux, glamour.
F: Féminité, je pense que c’est aussi la capacité des femmes à s’accepter. Il y quand même aussi une notion de finesse derrière. Je sais pas si c’est à juste titre ou pas, on caricature la féminité comme quelque chose de fin et de doux. Tout ce qui n’est pas masculinité: gros biceps et testostérone à volonté quoi. (Ahahah).
TW: C’est marrant parce qu’on définit souvent la masculinité par elle-même et la féminité en opposition à ça.

Est-ce que tu as l’impression qu’il y a des avancées significatives dans la condition des femmes ces dernières années (2010-2018)
D: Oui, mais je pense qu’il y a plus une prise de conscience que une réelle avancée. De plus en plus, ça fait trois quinquennats qu’il y a un secrétaire d’Etat ou un ministère chargé du droit des femmes ou de la condition féminine. Après, je suis pas totalement l’actualité du droit des femmes. Mais il y a eu plus d’avancées des années 40/45 à 80, des grosses avancés qui ont vraiment marqué l’histoire. Plus que maintenant. Des années 45 à 80 le combat était sur les droits des femmes vs ceux des hommes, mais depuis une vingtaine d’année, on parle de sujets sociaux. Elles doivent être payées pareil, c’est un être humain, c’est la même chose. Une prise de conscience mais on est loin. Typiquement je pense aux salaires, il y a une grande majorité des entreprises qui continuent à payer 30% de moins les femmes que les hommes. Il y a une prise de conscience, c’est en train de changer mais y a moins d’actions vraiment concrètes qui on été mises en place.
F: Je suis d’accord. Enfin ça dépend. Les avancées je pense qu’elles sont pas les mêmes dans chaque pays. Je pense notamment à l’égalité salariale obligatoire en Islande. Je pense qu’aujourd’hui on rentre dans un bullshit de bla-bla autour de l’égalité. Pour moi légalité salariale c’est le plus gros bullshit qu’on ait pondu ces dernières années. Je vois pas pourquoi les femmes et les hommes devraient gagner pareil, sur le principe que si une femme est meilleure qu’un homme, pourquoi elle ne pourrait pas gagner plus. Pourquoi fixer ça sur un sexe et pas sur une compétence ? Il faut fixer ça à la personne et à la compétence même. Je trouve que ces dernières années c’est surtout du blabla plutôt que des mesures concrètes. J’ai pas l’impression que les gouvernements mettent des trucs en place qui soient vraiment efficaces.
Qu’est ce que tu penses de la condition des femmes en France et dans le monde ?
D: Je pense qu’en France on est pas les meilleurs élèves, mais il y a une vraie prise de conscience et que les choses vont bouger rapidement. Mais on est loin d’être les pires, quand je vois certains pays du Moyen-Orient ou même d’Afrique, où les petites filles sont encore excisées, où les femmes n’ont pas le droit de conduire ou d’ouvrir de compte en banque quand elles ont pas l’accord de leur mari ou de leur père ou même des pays plus développés comme la Russie qui viennent de dépénaliser le fait de pouvoir battre leur femme. On est en train de reculer dans plein de pays. Il y plus une tendance au recul qu’à une avancée. Je pense aussi au Venezuela où elles peuvent aller en prison pour avortement. En France on a une marge de progression, mais en comparaison on est dans le Top 10 comparé à d’autres pays.
F: Ouais non je suis d’accord. Quand j’ai vu la Russie, sur le coup je croyais que était une blague. Comment on peut revenir à ça. Je serai curieux de savoir si l’inverse est vrai.
Est-ce que les affaires de harcèlement, Weinstein et ses copains, ont eu un impact sur ta vision sur la condition des femmes? // #MeToo #BalanceTonPorc
D: Moi ça m’a surtout fait prendre conscience de choses que je remarquais pas forcément. Vu que la parole des femmes s’est vraiment libérée sur les réseaux et sur les plateaux télé. J’avais pas forcément conscience que les femmes se faisaient autant harceler dans la rue. Je le vois de plus en plus, que les femmes que c’est limite tous les jours, enfin toutes les semaines que y a quelqu’un qui la siffle, qui va la suivre, qui va essayer de se frotter à elle dans le metro. J’ai vraiment pris conscience de ça plus que le fait que des hommes de pouvoir essaient d’abuser des femmes. Même si c’est choquant, il y en a toujours eu.
F: C’est vrai que ça libère la parole. Il y a beaucoup de personnes qui ont le touché facile ou la remarque déplacée facile. Après je suis pas un grand fan des réseaux sociaux, j’ai l’impression que ça fait trop tribunal public et je trouve ça dégueulasse. Tu démarres un truc et ça prend une proportion folle personne ne sait si c’est vrai ou si c’est faux, c’est sut eux avis. Je dis pas que c’est bien ou que c’est pas bien, on fait des lois pour essayer de cadrer le truc et là ça part juste en pugilat sur place publique. Dans des proportions comme des stars tout ça c’est la boule de neige. Après dans le cas de Mme tout le monde dans la rue, je serai plus partisan qu’elle puisse lui mettre un gros shoot dans les couilles (ça on est bien d'accord) et qu’elle ait rien derrière.
D: je rejoins Folco sur les réseaux sociaux. Je pense que ça a été hyper bénéfique suite à l’affaire Weinstein. Mais maintenant faut juste faire attention. 99% de ce qui sort est vrai, mais dès qu’on a des problèmes de harcèlement ou de viol maintenant, je pense à Hulot ou Darmanin, on essaie de ressortir des histoires, des vieux cadavres pour essayer de nuire à ces personnes. Ça prend des proportions énormes, alors qu’on ne sait pas si c’est vrai. Mise à part le harcèlement, les réseaux sociaux, c’est quand même connu pour être un ramassis de conneries.
TW: Il faut faire là la différence entre le Blance ton porc et le MeToo. La libération de la parole via les réseaux sociaux a été une bouffée d'air pour toutes les femmes et notamment pour les victimes. Elles ont pu s'exprimer, trouver le courage de partager leur histoire et leur douleur. Et l'essence du MeToo, c'est ça, c'est montrer qu'on est toutes dans cette galère et qu'on peut se soutenir. C'est différent du Balance Ton Porc, qui lui est accusateur, directement. A titre personnel, je considère que toute agression est un crime, et qu'il faut laisser la loi s'en charger surtout en France, où ce sont des crimes prix très au sérieux. Le lynchage public ne me semble pas la solution. On a pas à s'abaisser au niveau des raclures qui nous traumatisent.
Pourquoi c’est un combat qui te touche, ou qui ne te touche pas ?
D: Vaste question. Oui, parce que je pense que c’est important. Typiquement je suis pas d’accord avec tout ce que font les femen, mais c’est important d’avoir des actions marquantes, faire bouger les lignes. Ça me laisse pas indifférent, mais je ne suis pas le truc de près. C’est un combat qu’il faut encore mener.
F: Je suis pas l’actu là dessus, je pense que ça a tendance à faire bouger les choses. Après j’ai pas l’impression que les combats qui sont menés soient les bons. J’ai l’impression qu’on cherche une égalité parfaite alors qu’en fait rien n’est égal. Forcer l’égalité c’est juste foutre la merde. Il y a beaucoup de batailles qui se font sur les sujets. Il faudrait prendre du recul et voir où sont les vrais problèmes, et les traiter au cas par cas, sans faire de généralités.
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2 Comments
herve
Très intéressantes ces remarques des (jeunes) hommes. J’aurais bien aimé avoir leur avis sur la « charge mentale » des femmes, est-ce que ça veut dire qqch pour eux, est-ce du féminisme?
Anaïs Armandy
Une question effectivement intéressante Hervé et qui mérite peut-être son article à elle toute seule ! A suivre au prochain épisode 😉